La Mongolie en Moto – part 2

J5 Tsertserleg -> Terkhiin Tsagaan

Soupe de mouton au petit déjeuner. C’est rude. Le soir, je veux bien manger n’importe quoi, mais le matin, je préfère les chocapics.

Il fait beau, la piste est belle et roulante, mais traître. Kurst, le géant vêtu de jaune perd l’avant dans une flaque de boue. Il fait un vol plané à près de 70 km/h juste à ma gauche.

Merde, merde, merde…

Je fais demi-tour, je le vois allongé, au sol, à dix mètres de sa moto. Il gesticule, ouf. Je m’approche de lui et lui demande si ça va. « I broke my leg !!! ».

Merde merde merde…

Je regarde ses jambes. Elles sont droites et dans l’axe, c’est déjà ça. « Ok, don’t move, stay calm ». Kurst est conscient, il bouge et n’a pas d’hémorragie visible, le mieux est de pas y toucher. Les autres commencent à arriver. Je vois le 4×4 d’assistance au loin. Je me mets debout, les bras levés en position de Y. La position standard pour « Yes, I need help ». Le staff arrive et immobilise la jambe du blessé. Pendant ce temps, on vide le 4×4 de nos sacs. Moins de 10 min plus tard, Kurst est allongé sur la banquette arrière et évacué vers l’hôpital le plus proche. Kirsten, sa fille, accuse le coup. On prend une pause pour faire retomber la pression. Tuk décide de faire demi-tour et de prendre la route pour cette étape. Vous vous souvenez des virons dont je parlais la veille ? Et bien Ils sont là.

On s’arrête observer des gravures mongoles de plus de 5000 ans avant de reprendre la route sous la pluie qui mouille. Les gouttes me fouettent le nez. Louis, qui a oublié ses affaires de pluie, achète le poncho le plus moche du monde au marché. Un chien mort nous attend à l’entrée de la piste qui mène au camp.

Le dernier tronçon de piste est horrible. Un véritable champ de mines criblé de nids de poule. La fourche talonne tous les 3 mètres, les coups marteaux remontent dans les poignets et les épaules. On arrive finalement au Lac Blanc accueilli par un magnifique arc-en-ciel.

« Fire ?, Fire ? ». Une armée de Mongols accompagnés de leurs chalumeaux sillonnent le camp pour allumer les poêles à bois. Bien pratique pour faire sécher les habits. J’en crame une paire de chaussettes au passage.

J6 Terkhiin Tsagaan

Jour de repos. Petite promenade sur le volcan le matin. Balade annulée l’après-midi pour cause de pluie. Anniversaire de Denise le soir. Laure ne se sent pas bien. Pas grand-chose d’autre à dire.

J7 Terkhiin Tsagaan -> Tsenkher

Les spaghettis bolognaises de la veille ont eu raison de Laure. Elle préfère faire la piste dans le 4×4 jusqu’à la route. On charge la moto de Kurst dans le camion russe pour la ramener à Oulan-Bator et Mogi, le mécano, prend celle de Laure. Après 10 minutes de piste, la moto de Martin rend l’âme. Chaîne de distribution cassée. On décharge la moto de Kurst du camion et recharge la moto de Martin à la place sur un air d’Alizée. Merci Tuk pour la playlist.

La piste laisse place à la route… qui redevient piste pour un passage de col. Parait que ça donne un meilleur grip aux camions en hiver… Sauf que là, c’est la « route principale ». La belle ligne droite laisse place a un capharnaüm sans nom de voitures, camionnettes et camions qui se doublent et se redoublent dans la poussière. Une fois le col passé, on retrouve le bitume, et une atmosphère respirable.

Nous faisons une pause déjeuner dans un resto qui nous aura appris une chose : quand on est dans la pampa, on mange local. Les Khuushuurs, genre de beignets frits farcis à la viande, nous sont servis en dix minutes alors que les malheureux ayant commandé des pizzas les attendront pendant près de deux heures.

Petite chute sans gravité de Mathieu juste devant moi. Je commence à croire que je porte la poisse. Après quelques passages de gués, dont un a failli être fatal à Laure, nous arrivons juste avant l’orage au camp, précédé bien sûr d’un petit passage de gué.

Nous prenons l’apéro sous une pluie fine dans les sources chaudes de Tsenkher où DJ Tuk nous concocte une playlist agrémentée des meilleurs morceaux de nos contrées respectives. The HU pour le côté mongol, Snoop Dog pour nos amis West Coast et un petit NTM pas piqué des hannetons pour la francophonie. Les rares touristes coréens encore présents nous regardent de travers. Laure comatera la soirée dans son lit. Maudits spaghettis bolo !

J8 Tsenkher

Nous profitons de cette matinée de repos pour visiter les environs et découvrir les « rustines mongoles » qui parsème la plomberie de la station balnéaire. Comme disait l’autre, « si c’est stupide, mais que ça marche, alors ce n’est pas stupide ».

L’après-midi s’annonce plus sportive avec une boucle à moto un peu plus technique que le reste. Et en effet. Après un premier bourbier passé sans trop d’encombre, nous arrivons face à un marécage jonché de troncs d’arbres. Bon, Tuk se lance et reste planté. Martin et Louis s’y risquent, et restent plantés à leur tour. Brandon tente un détour, mais ne trouve pas de chemin praticable. Il finit par passer en force, avec succès. Mogi s’y risque, mais debout en poussant sa moto… et se plante. Devant l’hécatombe, je préfère réfléchir un peu et propose à Mathieu de passer sa moto à deux, en la poussant.  Ça fait dégonflé, mais ça passe. À force de pousser, tirer, patauger dans la flotte et éviter de grosses gerbes de boue, on finit par passer tous les véhicules.

La piste continue à travers plaines et forêts. Ma moto me fait une petite blague en passant de la seconde au point mort au milieu d’une montée un peu technique. C’est une marrante l’Himalayan… On arrive au camp épuisé, mais la banane jusqu’aux oreilles et j’assiste à une scène surréaliste entre deux hélicos. Le carré de pelouse jouxtant le terrain de jeux pour enfant fait office d’héliport, et disons que les Mongols pilotent comme ils conduisent. Le klaxon en moins. En forçant le passage avec suffisamment de conviction, l’autre finira bien par se pousser.

La journée s’achève avec un massage mongol. Ouille ouille ouille…

J9 Tsenkher -> Vallée de l’Orkhon

« Putain de merde !!! ».

Ça, c’est le cri du Gégé qui tombe dans la flotte. Laure, elle, nous fera un joli donut sur la berge. Dommage, elle y était presque. De mon côté, j’ai compris que pour avoir les pieds au sec, il ne fallait pas faire de vague. Car au final, le niveau de l’eau n’est pas si haut et ce sont surtout les remous de l’eau qui remonte sur les jambes. Je passe donc les gués sur le point de patinage, en première, façon slalom lent du permis moto. Ce n’est pas très impressionnant, ça nécessite un peu d’équilibre, mais ça marche.

Plus tard, Mathieu crève à l’avant. Tuk n’a pas le temps d’allumer sa clope que la roue est déjà changée.

Dix minutes plus tard, Mathieu crève à l’arrière. Tuk décrète une pause-café pour pouvoir fumer sa clope. Non mais !

Kirsten crame sa batterie. On charge sa moto dans le camion russe pour la fin du parcours. Ce soir, dodo chez l’habitant.

C’était une bonne journée.

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