Le Spitzberg – partie 2

Alkhornet

Une belle journée s’annonce, si l’on peut parler de journée dans un monde où le soleil se couche le 25 août. Nous partons randonner le long du fjord jusqu’aux falaises d’Alkhornet. Nous croisons quelques vestiges ainsi que les tombes d’anciens marins Pomors. Les corps ont été depuis longtemps dévorés par les ours, mais les cercueils demeurent ici depuis près de 5 siècles protégés par le permafrost.

Nous arrivons au pied de l’apic rocheux qui culmine à 400 mètres et qui est le lieu d’un véritable écosystème miniature de quelques hectares : Le promontoire faisant un point d’envol idéal, de nombreux oiseaux s’y sont installés. Les petits ou les œufs qui tombent ont attiré des renards polaires au pied de la falaise. Les fientes et déjections ont apporté de la matière organique, qui à permis à la toundra de se développer, attirant ainsi des rênes. Le contraste entre désert de caillou et plaine verdoyante est saisissant. Nous prenons un repas au milieu des rênes dans cet oasis de verdure.

Sur le chemin du retour, nous nous faisons attaquer par des labbes parasites, oiseaux de taille moyenne près à défendre son nid coûte que coûte. Ces derniers n’hésitent pas à attaquer aussi les rênes, voir les ours qui s’approche trop près de leurs petits.

A l’heure du thé, nous faisons halte à l’abri d’une formation rocheuse. Le guide nous assure que le renard sortira de ces cailloux à 17h précise. Assez sceptiques, nous faisons la sieste. 16h59, maman renard sort de son terrier suivi par son petit qui tourne autour de nous, intrigué par cet étrange groupe à deux pattes.

Cette magnifique journée se termine au camp de base autour d’un barbecue de saucisses fumées au bois flotté. A quelques dizaines mètre de la berge, une mouette et un phoque se disputent un poisson. Cette nuit, Laure et moi sommes de garde.

Laure prend le premier tour, Je prend le second. Le temps se rafraichit et une légère bruine empli l’atmosphère. Au début de ma garde, le feu est mourant. Je passe la première heure à essayer de la raviver et bricole un entonnoir à vent à base de cailloux. Cela marche tant qu’il y a du vent, mais il finit par tomber et le feu par mourir. Les tours de garde sont le seul moment où l’ont peut se retrouver seul. On en profite pour méditer, contempler le paysage ou faire caca.

Alkhornet

La baie d'Ymerbukta

Après un petit déjeuner, nous partons visiter le fond du fjord et les 3 glaciers. Première halte sur la rive opposée où s’étend un ancien cimetière de morses. Ce sont les restes des chasseurs Pomors qu’on a vu la veille, Ils venaient dépecer les morses ici il y a trois siècles. La toundra prolifère à cet endroit alors que tout le reste n’est que cailloux. Dans ce monde hostile, le moindre apport en matière organique favorise la flore locale. Cette petite visite permet aussi de surveiller la présence d’ours sur le glacier. Rien a signaler, On peut repartir en kayak vers deux petites îles sur lesquelles on observe de nombreux oiseaux et leurs petits ainsi qu’une population de canards eider, identifiable à son vol lourd et peu élégant.

 

Nous nous rapprochons du glacier et rencontrons un phoque roux couché sur son iceberg. Ce dernier n’est pas effarouché et semble plutôt surpris de voir cinq embarcations glisser silencieusement vers lui. Nous nous arrêtons ensuite pour manger au pied du glacier. Au moment de repartir, la marée montante a repoussé la banquise vers le fond du fjords, nous barrant le chemin pour sortir. Ils nous faudra trouver un passage dans ce labyrinthe de glace pour retourner au camp.

Nous parcourons quelques centaines de mètres à travers les restes de banquise pour débarquer au bord du glacier et faire une petite marche. Le front du glacier racle le sol comme le ferait un bulldozer de plusieurs millions de tonnes, arrachant la roche et retournant le terre. Des rivières souterraines émergent pour se déverser dans la mer, un phoque annelé nous accompagne en longeant la rive. Puis retour aux kayak avec lesquels nous retournons au camp de base en longeant le mont Protector qui protège depuis des siècles les marins des caprices de l’océan arctique.

Alkhornet -> Ymerbukta

Réveil pour une autre journée magnifique et un retour sur le premier camp d’Ymerbukta. L’arctique habituellement si inhospitalière se montre très clémente avec nous.

Un fois sorti du fjord, le vent et la houle se ressentent d’avantage. Il y a quelques petites méduses, les creux de la houle atteignent plus d’un mètre de haut. De quoi renverser notre embarcation si ne nous sommes pas vigilant. On s’arrête quelques instants pour observer un phoque annelé inféodé à son caillou. Celui ci est plus craintif que les phoques barbus mais aussi plus curieux, Il retourne rapidement dans l’eau en nous voyant arriver mais tourne autour de nous en nous observant pendant plusieurs minutes. Nous croisons ensuite un autre groupe de kayakistes qui se rend au camp d’Alkhornet. Nous arrivons à Ymerbukta alors que le temps commence à se gâter. Il est 18h quand nous décidons d’aller faire une balade à pied, l’avantage sous ces latitudes est qu’on n’a pas peur de se faire surprendre par la nuit.

De retour de la balade, nous allumons un barbecue et ouvrons une bouteille de Martini rafraichi par des glaçons de 16 000 ans d’âge récupéré sur un iceberg. Cette nuit, Laure et moi sommes de garde.

Deuxième garde pour nous. Il y a des rênes au fond du camp, un petit renard fait le tour des tentes à la recherche de nourriture. Il faut être attentif à ce qu’il ne trouve pas le garde-manger. Les « touristes » ne sont là que 2 mois dans l’année et ce petit goupil doit malgré tout garder ses instincts de chasseur pour survivre à l’hiver. Il attrape un oiseaux et défèque dans son nid. J’en profite moi aussi pour aller me soulager aux toilettes, enfin au bout de la plage. Le luxe de ce camp est de pouvoir lever la pagaie lorsque les toilettes sont occupées. Dans ce monde hostile, on en revient aux fondamentaux… J’entends un bruit. Par réflexe, je me saisis du pistolet d’alarme. Ce n’est que Greg qui se lève pour aller lui aussi se soulager…

Le Spitzberg – partie 3 =>

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