L’Islande nous a donné le goût du voyage et des espaces sauvages loin de l’humanité et de la civilisation. Nous décidons deux ans plus tard d’explorer les contrées arctiques du Spitzberg au nord est du Groenland, lieu du roman « A la croisée des mondes ». Il serait mal avisé de partir seuls sur cette île au climat impitoyable peuplée d’ours polaires. Nous faisons donc appel à l’association Grand Nord Grand Large.
Bordeaux -> Longyearbyen
13 juillet 2015. 3h30 du matin. Le réveil sonne, départ pour l’aéroport. Après une escale à Paris et une a Oslo, les neiges éternelles du Svalbard sont en vue. Le pilote nous annonce que les conditions sont idéales et que l’avion devrait pouvoir atterrir au premier essai. Le ton est donné… Arrivée au camping au pieds de la pistes, briefing dans la tente commune avec nos 8 compagnons de voyage et distribution du matériel. Nous nous endormons finalement sous le soleil arctique à 2h30 du matin.
Longyearbyen -> Ymerbukta
Après à peine 4h de sommeil, Gwen, le guide nous réveille. Une navette vient nous chercher pour nous emmener au port. A bord du bateau, il nous fait un autre briefing, sur les danger de l’ours polaire cette fois. Touristes citadins attirés par les brochures publicitaires, nous comprenons rapidement que l’Ours n’est pas une attraction touristique mais un réel danger avec lequel il faut apprendre à vivre. Port du fusil obligatoire pour l’organisateur, tour de garde la nuit, stockage de la nourriture à l’écart du camp, ne jamais s’éloigner du groupe. Ces règles vont rythmer notre vie durant la prochaine semaine.
Deux heures et demie plus tard, le camp de base est en vue sur les berges du glacier d’Esmarkbreen dans la bain d’Ymerbukta. Les kayaks dorment paisiblement sur les rives du fjord, abrités des caprices de l’océan arctique. Le zodiac nous débarque avec le matériel et les vivres puis nous abandonnent à notre sort, seuls, totalement coupés du monde pour les sept prochains jours.
Repas autour du feu au milieu des cailloux, du bois flotté comme combustible, une vertèbre de baleine comme table basse. Le guide nous forme sur l’utilisation des balises Argos, du téléphone satellite et du pistolet d’alarme. Puis montage des tentes. Laure et moi retrouvons les réflexes hérités de l’Islande. Nettoyage des cailloux, montage des arceaux, accrochage de la bâche, ces gestes simples font remonter à la surface d’innombrables souvenirs. Une fois le campement monté, nous prenons la direction les kayaks pour une petite balade au bord du glacier. Les premier icebergs nous attendent. Bien qu’insignifiants comparés aux montagnes de glaces du Groenland, ces « petits » blocs de glace font déjà plusieurs tonnes. Puis, le monstre. Le fleuve de glace de 3 km de large vie, respire, chacun de ses grognements gronde comme le tonnerre et s’entend à plusieurs kilomètres, des blocs de glaces gros comme des autobus se détachent et tombent dans la mer. Nous revenons au camp pour notre première nuit sur la terre des ours.
Ymerbukta -> Alkhornet
Programme du jour : Rejoindre le camp de base d’Alkhornet, de l’autre côté. On remballe les tentes et on charge les kayak. Un bateau fait un détour pour nous livrer le sac de notre guide qui s’était attardé à Bagdad entre Genève et Oslo…
Une mer d’huile, un grand soleil, les petits goélands qui sortent de leur nid, cette journée est magnifique. Nous débarquons sur une plage de galets pour manger et enchaînons sur une balade le long de la crêtes où nous apercevons notre camp du soir et quelques bélugas remonter le fjord.
Le temps se gâte pour la traversée. Nous pagayons plus d’une heure au milieu de l’eau, notre destination visible de l’autre côté tout au long du trajet, la mer est agitée d’une légère houle. Nous arrivons finalement sous le soleil pour monter le camps. A l’heure du repas, la tempête se lève. Blottis les uns contre les autres pour manger dans la tente commune, nous commençons à nous rendre compte de la force des éléments dans ces contrées sauvages. Le mât de notre abri ploie au rythme des rafales. Dehors, une tente s’est faite arrachée, plusieurs autres risquent de s’envoler. Malgré leur 50kg et leur formes profilées, les kayaks ont glissé sur plusieurs mètres, trainés par le vent. Nous lestons les embarcations de pierres et retendons les haubans des tentes. Le vent souffle ainsi une bonne partie de la nuit mais sans faire d’autres dégâts.























