4L Trophy – partie 1

Le 4L Trophy, 10 jours de raid entre la France, l’espace et le Maroc en Renault 4L. Mon premier voyage et celui qui m’a donné le goût de l’aventure. On ne peut résumer une telle expérience avec de simple mot. Aussi, autant s’arrêter là…

La préparation

Blague à part, comme tout raid, cela commence avec un peu de préparation mécanique. Merci donc Papa pour le prêt de l’atelier et Maman pour la peinture.

La fin de la préparation a eu lieu sur le parking de la résidence étudiante, en plein courant d’air par 3°C. Dans un carton de pièces de rechange usagées, entre un radiateur et un delco, on trouve un genre de petit condensateur. Bof, pour ce que ça pèse, autant le prendre. On jette le reste, trop encombrant. Au final :

  • Révision moteur, nettoyage carbu, réglage allumage, etc…
  • Changement de la pompe à eau
  • Rajout d’une tôle de protection sous le moteur et une sous le réservoir
  • Rajout d’un deuxième filtre à air en amont du premier
  • Rajout d’une rampe de phare et d’une prise allume cigare
  • Ponçage, dégrippage, graissage si besoin de tout les points de rouille (surtout longerons arrières)
  • Changement du siège passager (celui d’origine était mort)
  • Aménagement du coffre (support roue de secours, extincteur, caisses de rangement)
  • Montage de pneu hiver (plus solide et sculpture plus grosse que les pneu standard)
  • Peinture

Les fournitures scolaires nous ont été fournis par le collège Bouran de Mérignac.

Le grand départ

14 Février 2008. Voiture chargée, niveaux faits, dernières vérifications effectuées, il est temps de se rendre à Bordeaux centre pour un dernier contrôle technique effectué par l’organisation. Arrivée au dernier carrefour à 500m de la ligne de départ, la voiture cale, impossible de la redémarrer. Je fais un rapide check-up. Batterie OK, essence OK. Je débranche l’anti-parasite d’une bougie et le tend à mon collègue. J’essaye de démarrer, ce dernier fait un bon en hurlant. Allumage OK.  Tant pis, on sort et on pousse… jusqu’aux stand devant un mécanicien hilare. Il trouve rapidement la panne, condensateur d’allumage KO. Justement le truc qu’on avait pris avant de partir ! Cette fois c’est bon, on y va !

Bordeaux->Algeciras

On avale les kilomètres à la vitesse de 110km/h sans trop chauffer. On s’arrête vers Burgos dans un petit hôtel déjà remplis de 4L trophistes et on reprend la route le lendemain pour atteindre Algeciras au sud de l’Espagne en fin d’après-midi. On bivouaque en compagnie de 1200 autres voitures dans une ancienne mine. Le lendemain, le vent se lève. On en profite pour faire quelques courses : lunettes de ski pour le sable, grille de protection pour le radiateur et un bon gros jambon. Le soir, malgré l’avis de tempête, on embarque sur le bateau direction Tanger. La traversée est mouvementée mais ça passe.

Tanger->Boulemane

Descente du bateau, pour nous c’est bon. Pour d’autres malheureux, le châssis de la voiture ne tient pas et lâche. On reprend la route, marocaine cette fois. Les kilomètres défilent, les 4L se suivent, parfois se doublent, une pluie légère alterne avec le soleil marocain le tout sous le regard imperturbable des mont de l’Atlas qui surveillent de haut cet étrange peloton sous-motorisé. Puis la première piste à quelques kilomètres de Boulemane. La voiture tremble, le crissement de la ferraille et le couinement incessant de la suspension sur cette tôle ondulée de route ne s’arrêtera que 6 jours et 1000km plus tard. Nous rejoignons le bivouac sur les plateaux désertiques. La température chute sous cette bruine gelée, l’organisation nous annonce des températures négatives la nuit. Allongé dans le sac de couchage de mon père, son deuxième voyage au Maroc pour lui, un matelas gonflable de plage en guise de literie, je grelote. Je met ma doudoune par dessus mon visage pour le protéger du froid et fini par m’endormir. Le thermomètre descendra à -10°C cette nuit là.

Boulemane -> Er Rachidia

Je me réveille engourdi par le froid et tellement vivant. Une pluie fine tombe sur le camp de base, les visages sont tirés mais néanmoins euphoriques. Piste et bitume sont déjà devenus notre quotidien, Bordeaux semble si loin maintenant. Nous nous arrêtons sur le bas-coté pour manger un peu de jambon et sommes très vite rejoints par d’autres équipages. Un peu plus loin une oasis nous accueille en contrebas, de quoi faire quelques ablutions puis juste avant notre arrivée, la voiture heurte un gros caillou. La tôle de protection a probablement sauvé sa boîte de vitesse, mais la barre anti-roulis a pris un coup. Rien de très grave, la réparation peut attendre jusqu’au bivouac. La mécanique souffre aussi chez les autres équipages et je m’endors bercé par le martellement des mécaniciens du pôle technique.

Er Rachidia -> Merzouga

Nous levons le camp et partons pour Merzouga et les premières dunes du Sahara. Les pistes et les portions bitumées alternent comme pour reposer notre fidèle attelage. Nous arrivons au bord d’un oued asséché. Tenter la traversée ou faire un détour pour emprunter le pont un peu plus loin, la question se pose mais nos acolytes décident de tenter le coup. Je préconise à mon copilote d’attendre un peu pour voir. Il s’ensuivra deux heures de désassemblage sous un soleil de plomb pour sortir la 2ème 4L de cet enfer sableux. La dizaine de voiture planté autour de nous aurait du nous rendre plus méfiant. Puis les pistes et les dunes au loin. En s’arrêtant auprès d’un autre équipage pour chercher notre chemin, un berbère sorti de nulle part monté sur une motobécane d’un autre temps nous accoste. Il entame la conversation et nous indique un raccourci pour rejoindre Merzouga en passant entre le désert et la colline au lieu de faire le tour. Nous suivons son conseil, entrainant avec nous quelques équipages égarées attiré par le panache de poussière que nous soulevons.

Merzouga

Oasis au portes du plus grand bac à sable du monde. L’occasion de tester cet infatigable véhicule au cours d’une spéciale dans les dunes. Je chinte le thermostat du radiateur et enclenche le chauffage à fond pour refroidir du mieux possible les 1100 centimètres cube de ce fabuleux moteur. Le départ est lancé. Premier virage, premier ensablage. Le 4×4 d’assistance me ramène au départ. 2ème essai, toujours pas. Au vue des traces dans le sable et de l’air blasé du conducteur, je ne dois pas être le premier. Il me traine jusqu’après le virage où je peux reprendre le circuit. Au détour d’une chicane, je fais une embardé pour éviter un petit marocain. Une bande de gamins traine au bord de la piste et leur jeu consiste à traverser au dernier moment juste devant la voiture. Je préviens l’orga qui leur passe un savon et poste un membre du staff pour les surveiller. Après ça je finis enfin mon tour de spéciale, un peu déçu de tous ces contretemps.

De retour au camp, je rencontre un berbère. Nous l’invitons à partager notre repas. Celui-ci, enchanté, allume un feu de camp avec de l’écorce de palmier et commence à nous raconter son histoire. Étrange rencontre entre deux mondes dont l’un semble connaître parfaitement l’autre mais la réciproque étant des plus mensongère. Nous découvrons le Maroc pour la première fois, lui a déjà vécu à Marseille et en Angleterre. Voyageur qui voulait simplement visiter le monde, il s’est fait expulsé de France pour être sans-papier. Pensant lui offrir le couvert, je me rend compte que c’est lui qui nous offre son histoire.

4L Trophy – partie 2 =>

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